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un drame en livonie.

En ce moment cette porte s’ouvrit. Jean et Ilka rentraient ensemble.

« Vous partez, Wladimir ? dit la jeune fille en lui tendant la main.

— Oui, chère Ilka, répondit Wladimir, une course qui ne me retiendra pas longtemps… Je serai de retour avant l’heure du dîner… »

Peut-être eut-il alors la pensée de mettre le frère et la sœur au courant de ce qu’il allait faire… Il se retint. Si aucun incident ne l’obligeait à parler, il ne voulait pas que cela fût connu avant son mariage. Après, lorsque la jeune fille serait sa femme, il lui dirait tout, et il savait bien qu’elle l’approuverait d’avoir sauvé son père, même en compromettant leur avenir.

« Allez, Wladimir, dit-elle, et revenez promptement… Je suis moins inquiète lorsque je vous sais là… Je crains toujours que mon père…

— Il est plus triste, plus accablé que jamais, observa Jean, dont les yeux brillaient de colère. Ces misérables finiront par le tuer !… Il est malade… plus malade qu’on ne pense…

— Tu exagères, Jean, reprit Wladimir, et ton père a une endurance morale dont ses ennemis ne triompheront pas !

— Puissiez-vous dire vrai, Wladimir ! » répondit la jeune fille.

Wladimir lui serra la main, et ajouta ;

« Ayez confiance !… Dans quelques jours, toutes ses épreuves seront finies ! »

Il s’élança dans la rue, et, vingt minutes plus tard, il arrivait à la maison de banque de MM. Johausen frères.

La caisse étant ouverte, Wladimir se présenta au guichet du caissier.

Ce caissier, auquel il s’adressa, lui fit observer que cette affaire regardait les chefs de la maison, détenteurs de l’engage-