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wladimir yanof.

croire à la magnanimité de l’Empereur… Sa Majesté ne serait point insensible aux supplications de cette malheureuse famille si rudement frappée depuis quelque temps… Wladimir et Ilka ne seraient plus séparés par des milliers de lieues, et surtout par cette condamnation à perpétuité, plus terrible encore que la distance… Le mariage de ces deux êtres qui s’aimaient pourrait enfin s’accomplir dans quelques semaines, si Wladimir bénéficiait de la clémence impériale… On le savait, le gouverneur faisait des démarches dans ce but… La situation particulière de Dimitri Nicolef à Riga, à la veille des élections où il représentait le parti slave, les tendances du gouvernement à russifier l’administration municipale dans les provinces Baltiques, tout concourait à ce que le fugitif obtînt remise entière de sa peine.

Le 24 avril, après avoir pris congé de Yanof, puis de son père et de sa sœur, Jean quitta Riga pour retourner à Dorpat. C’était le front haut qu’il voulait rentrer à l’Université, lui qu’on avait traité de fils d’assassin.

Inutile d’insister sur l’accueil que lui firent ses camarades, ceux de sa corporation et Gospodin plus chaleureusement que personne.

Mais inutile aussi de dire que les autres étudiants, ceux que menait Karl Johausen, n’avaient point désarmé. Il semblait donc impossible que cela ne finît pas par un éclat.

Cet éclat se produisit le lendemain du retour de Jean Nicolef.

Jean, ayant demandé satisfaction à Karl de ses insultes, celui-ci refusa de se battre en les aggravant encore.

Jean le frappa au visage. Le duel, qui était devenu inévitable, eut lieu et Karl Johausen fut grièvement blessé.

Que l’on juge de l’effet de cette rencontre lorsque la nouvelle en parvint à Riga ! M. et Mme Johausen partirent aussitôt pour aller soigner leur fils mortellement atteint peut-être. Et, à leur retour,