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interrogatoire.

« Ah ! c’est pour cela qu’on m’a fait venir ici ? »

Puis, d’un ton très ferme :

« De quoi suis-je accusé ?…. demanda-t-il.

— Le garçon de banque Poch a été assassiné dans la nuit du 13 au 14 au kabak de la Croix-Rompue.

— Ce malheureux a été assassiné ?… s’écria M. Nicolef.

— Oui, répondit M. Kerstorf, et nous avons la certitude que son assassin est le voyageur qui occupait la chambre qui vous avait été donnée.

— Or… puisque ce voyageur, c’est vous, Dimitri Nicolef… affirma le major Verder.

— Je serais l’assassin !… »

Et, ce disant, M. Nicolef, repoussant sa chaise, se dirigea vers la porte du cabinet que gardait le brigadier Eck.

« Vous niez… Dimitri Nicolef ?… demanda le juge, qui se leva à son tour.

— Il y a des choses que l’on n’a même pas besoin de nier, tant elles se nient d’elles-mêmes… répondit Nicolef.

— Prenez garde…

— Allons donc !… Ce n’est pas sérieux !

— Très sérieux.

— Il ne me convient pas de discuter, monsieur, répondit le professeur, d’un ton hautain, cette fois. Mais pourrais-je savoir pourquoi l’accusation porte précisément et uniquement sur le voyageur qui a passé la nuit dans cette chambre de kabak ?…

— Parce que, sur la fenêtre de cette chambre, répondit M. Kerstorf, on a relevé des indices matériels prouvant que le meurtrier l’a franchie pendant la nuit, pour aller s’introduire dans la chambre de Poch par la fenêtre de cette chambre, après avoir forcé les contrevents… ; parce que le tisonnier qui a servi à cette effraction a été retrouvé dans la chambre de ce voyageur…