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X

interrogatoire.


Dimitri Nicolef rentra à Riga dans la nuit du 16 au 17 avril, sans avoir été reconnu en route.

Dévorée d’inquiétude, Ilka ne dormait pas. Et dans quel état aurait été l’infortunée jeune fille, si elle eût appris quelle accusation pesait sur la tête de son père !…

En outre, un nouveau sujet d’anxiété, ce soir-là, après le départ de M. Delaporte et du docteur Hamine, une dépêche, venue de Dorpat, annonçait l’arrivée de Jean Nicolef pour le lendemain, sans indiquer la cause de ce brusque départ.

Cependant, de quel poids écrasant fut soulagée Ilka, lorsque, vers trois heures du matin, elle entendit son père monter l’escalier. Comme il ne vint pas frapper à sa chambre, elle pensa que mieux valait le laisser se coucher, après les fatigues de ce voyage. Le jour venu, elle irait l’embrasser dès son lever. Et peut-être lui dirait-il pourquoi, si précipitamment et sans l’avertir, il avait été contraint de partir.

Le lendemain, en effet, le père et la fille se retrouvèrent à la première heure, et, tout d’abord, Dimitri Nicolef dit :

« Me voici de retour, ma chère enfant… Mon absence a duré plus longtemps que je ne pensais… Oh ! vingt-quatre heures seulement…

— Tu parais fatigué, mon père, observa Ilka.

— Un peu, mais, avec une matinée de repos, je serai tout à fait