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un drame en livonie.

dont le magistrat entretint ses compagnons, lorsqu’ils furent sortis de l’auberge, alors que Kroff ne devait plus les entendre :

« Le crime ne peut avoir été commis que par trois personnes ou un malfaiteur venu du dehors, ou le cabaretier, ou le voyageur qui a passé la nuit dans cette chambre. Or, la découverte du tisonnier, qui sera emporté comme pièce à conviction, les traces laissées sur la fenêtre ne permettent aucun doute. Le voyageur n’ignorait pas que le portefeuille de Poch contenait une somme considérable. La nuit, après avoir ouvert la fenêtre de sa chambre, il l’a franchie, et, se servant du tisonnier comme d’un levier, il a forcé le volet de la seconde chambre, il a frappé le garçon de banque pendant son sommeil, et, le vol accompli, il est revenu dans sa chambre, d’où il est sorti à quatre heures du matin, la figure toujours cachée sous son capuchon… Ce voyageur est sûrement l’assassin… »

Il n’y avait rien à répondre à cette argumentation. Quel était ce voyageur, et parviendrait-on à établir son identité ?…

« Messieurs, dit alors le major Verder, les choses se sont évidemment passées comme vient de le dire M. le juge Kerstorf… Mais les enquêtes réservent bien des surprises, et l’on ne saurait prendre trop de précautions… Je vais fermer la chambre du voyageur, j’en emporterai la clef, et je laisserai ici deux agents en permanence… Ils auront ordre de ne point quitter l’auberge, et aussi de surveiller l’aubergiste. »

Cette mesure fut approuvée et le major donna ses instructions en conséquence.

Un peu avant de remonter dans la berline, M. Johausen, prenant à part le juge, lui dit :

« Il y a une particularité dont je n’ai encore fait part à personne, monsieur Kerstorf, et il est bon que vous la connaissiez…

— Laquelle ?

— C’est que je possède les numéros des billets volés… Il y en