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un drame en livonie.

dire dire depuis l’heure à laquelle ledit voyageur s’était hâté de quitter le kabak. Cependant l’entablement présentait quelques éraflures, la muraille également, comme s’ils eussent été rudement frôlés par le soulier d’un individu qui eût escaladé cette fenêtre.

Cela fait, le magistrat, le major, le docteur et le banquier rentrèrent dans l’auberge.

Il s’agissait maintenant de visiter la chambre du voyageur, contiguë, on le sait, à la salle commune. À tour de rôle, un agent avait jusque-là veillé devant la porte. La porte fut ouverte. Une profonde obscurité régnait dans cette chambre. Le major Verder alla lui-même à la fenêtre : il en fit basculer le montant de bois, il l’ouvrit, et, décrochant le crochet fixé à l’entablement, il repoussa les contrevents à l’extérieur.

La chambre s’éclaira. Elle était en l’état où le voyageur l’avait laissée, — le lit à demi défait dans lequel il avait passé la nuit, la chandelle de suif presque entièrement consumée, et que Kroff avait éteinte lui-même après son départ, les deux chaises de bois à leur place habituelle, ne témoignant d’aucun désordre, l’âtre de la cheminée placée au fond de la pièce contre le mur du pignon latéral, et au fond duquel se voyaient des cendres et deux bouts de tisons qui n’avaient pas brûlé depuis longtemps, une vieille armoire dont l’intérieur fut examiné et qui ne contenait rien.

Aucun indice ne put donc être relevé dans cette chambre, sauf, toutefois, les éraflures observées au-dehors sur la muraille et l’entablement de la fenêtre. Cette constatation pouvait avoir une extrême importance.

On termina les perquisitions en visitant la chambre de Kroff dans l’annexe en retour sur le jardin. Les agents fouillèrent consciencieusement les appentis de la basse-cour. Le potager fut exploré jusqu’à la haie vive qui lui servait d’enclos et qui ne