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descente de police.

des fluides contraires qui auraient quelque peine à se combiner si la question politique y intervenait : d’une part, le banquier Johausen et le major Verder, germains d’origine, de l’autre, le docteur Hamine, slave de naissance. Seul le juge Kerstorf était dégagé de ces passions de races qui fermentaient alors dans les provinces Baltiques.

Pendant le trajet, la conversation, — et encore fut-elle très intermittente, — n’eut pour la soutenir que le major et le banquier.

M. Frank Johausen ne cachait pas la profonde pitié que lui causait la mort du malheureux Poch. Il avait une particulière estime pour ce garçon au service de sa maison depuis de longues années déjà, d’une probité parfaite, d’un dévouement à toute épreuve.

« Et cette pauvre Zénaïde, ajouta-t-il, quelle sera sa douleur, quand elle apprendra le meurtre de celui qu’elle allait épouser !… »

En effet, le mariage devait se faire dans quelques jours, à Riga, et c’est au cimetière, au lieu de l’église, que serait conduit le garçon de banque !

Quant au major, s’il s’attendrissait sur le sort de la victime, la capture de l’assassin le préoccupait bien davantage. Impossible de rien dire à ce sujet, avant d’avoir visité le théâtre du crime, avant de savoir dans quelles conditions il avait été commis. Peut-être trouverait-on quelque indice, quelque piste à suivre. Au fond, le major Verder inclinait à voir dans cet assassinat la main d’un de ces rôdeurs dont une partie du territoire livonien était infestée à cette époque. Dès lors, il y avait lieu d’espérer, grâce aux escouades de police qui le parcouraient, que la justice s’emparerait du meurtrier de la Croix-Rompue.

Le rôle du docteur Hamine devait se borner aux constatations