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UN CAPITAINE DE QUINZE ANS

— Oui, comme cela. Très bien !… Allons, Hercule… de la vigueur ! Un bon coup là. »

Dire : de la vigueur ! à Hercule, c’était peut-être imprudent. Le géant, sans s’en douter, donna un coup à tout casser.

« Eh ! pas si fort, mon brave ! cria Dick Sand en souriant. Vous allez amener la mâture en bas !

— J’ai à peine tiré, répondit Hercule.

— Eh bien, faites semblant seulement ! Vous verrez que ça suffira !… Bien, mollissez… larguez… rendez la main !… Amarrez… attachez… comme cela !… Bon !… De l’ensemble ! Halez… tirez sur les bras… »

Et tout le phare du mât de misaine, dont les bras de bâbord avaient été mollis, tourna lentement. Le vent, gonflant alors les voiles, imprima une certaine vitesse au navire.

Dick Sand fit alors mollir les écoutes des focs. Puis, il rappela les noirs à l’arrière.

« Voilà qui est fait, mes amis, et bien fait ! Occupons-nous maintenant du grand mât. Mais ne cassez rien, Hercule.

— Je tâcherai », répondit le colosse, sans vouloir s’engager davantage.

Cette seconde manœuvre fut assez facile. L’écoute du gui ayant été larguée en douceur, la brigantine prit le vent plus normalement et ajouta sa puissante action à celle des voiles de l’avant.

Le flèche fut alors établi au-dessus de la brigantine, et, comme il était simplement cargué, il n’y avait qu’à peser sur la drisse, à amurer, puis à border. Mais Hercule pesa si bien, de compte à demi avec son ami Actéon, sans compter le petit Jack qui s’était joint à eux, que la drisse cassa net.

Tous trois tombèrent à la renverse, — sans se faire aucun mal, heureusement, Jack était enchanté !

« Ce n’est rien, ce n’est rien ! cria le novice. Rajustez provisoirement les deux bouts, et hissez en douceur ! »

C’est ce qui fut fait sous les yeux mêmes de Dick Sand, sans qu’il eût encore quitté la barre. Le Pilgrim marchait déjà rapidement, le cap à l’est, et il n’y avait plus qu’à le maintenir dans cette direction. Rien de plus facile, puisque le vent était maniable, et que les embardées n’étaient pas à craindre.

« Bien, mes amis ! dit le novice. Vous serez de bons marins avant la fin de la traversée !

— Nous ferons de notre mieux, capitaine Sand », répondit Tom.

{{Mrs|Weldon} complimenta aussi ces braves gens.