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seconde patrie.

dance, gourdes pleines d’eau-de-vie, ils ne devaient concevoir ni laisser concevoir aucune inquiétude à l’égard de la nourriture quotidienne. Et puis, à travers ces plaines fertiles, déjà entrevues soit au delà de la vallée de Grünthal, soit dans le sud de la baie des Perles, les racines comestibles ou les fruits demandaient-ils d’autre peine que de les déterrer ou de les cueillir ?…

Le 27 septembre, dès la première heure, tout le monde se rendit au défilé de Cluse, où se firent les derniers adieux. Pendant une quinzaine de jours, on serait sans nouvelles des absents !… Combien le temps paraîtrait long !

« Sans nouvelles ?… dit alors Ernest. Non, mère, non, ma chère Annah, et vous en recevrez…

– Par courrier ?… demanda Jack.

– Oui… par courrier aérien, répondit Ernest. Ne voyez-vous pas ce pigeon que j’ai apporté dans sa petite cage ?… Pensez-vous que c’était pour le laisser à Eberfurt ?… Non, nous le lâcherons du haut de la chaîne, et il vous apportera des nouvelles de la caravane.»

Chacun applaudit à cette bonne idée, et Annah se promit bien de guetter chaque jour l’arrivée du messager d’Ernest.

M. Wolston et les deux frères franchirent une étroite issue ménagée entre les poutres du défilé de Cluse. Elle fut soigneusement refermée derrière eux ; et ils disparurent bientôt au tournant de la barrière rocheuse.