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seconde patrie.

se gonflait d’une jolie brise de terre. Après deux heures de navigation, il s’apprêtait à virer de bord, lorsqu’il crut entrevoir une légère vapeur…

Fritz oublia tout alors, ses fatigues, les anxiétés que son absence prolongée causerait à Felsenheim, les risques qu’il y avait à se hasarder si loin en pleine mer. À l’aide des pagaies, le kaïak vola à la surface des flots. Une heure plus tard, il se trouvait à six encablures d’une île dominée par un mont volcanique, duquel s’échappait une fumée mêlée de flammes.

La côte orientale de l’île paraissait aride. En la contournant, il est vrai, Fritz vit qu’elle était coupée par l’embouchure d’un ruisseau au sortir d’une vallée verdoyante.

Le kaïak fut poussé au fond d’une étroite crique et tiré sur la grève.

À droite s’ouvrait une grotte à l’entrée de laquelle une créature humaine était plongée dans un profond sommeil.

Avec quelle émotion Fritz la contemplait! C’était une jeune fille de dix-sept à dix-huit ans, vêtue de toile grossière qui provenait de la voilure d’un navire, mais propre et convenablement ajustée. Ses traits étaient charmants, son visage d’une douceur infinie. Fritz n’osait la réveiller, et, cependant, c’était le salut qui l’accueillerait à son réveil !

Enfin, la jeune fille ouvrit les yeux. La vue d’un étranger lui fit jeter un cri d’effroi.