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seconde patrie.

voiser, tel un chacal et un cormoran, qui ne la quittèrent plus.

Au centre de la petite île sur laquelle la mer avait jeté la naufragée, se dressait une montagne volcanique, dont le cratère vomissait des vapeurs et des flammes. Après l’avoir gravie jusqu’à son sommet, élevé d’une centaine de toises au-dessus du niveau de la mer, Jenny n’entrevit aucune terre à l’horizon.

La Roche-Fumante, d’une circonférence de deux lieues environ, ne présentait vers l’est qu’une étroite vallée où coulait un petit ruisseau. Des arbres de différentes espèces, abrités entre les mauvais vents, la recouvraient de leurs épaisses ramures. Et ce fut sur l’un de ces mangliers que Jenny établit sa demeure, ainsi que l’avait fait la famille Zermatt pour son habitation de Falkenhorst.

Enfin, la chasse aux environs de la vallée, la pêche dans le ruisseau et entre les roches au moyen d’hameçons fabriqués avec des clous, les gousses et les baies comestibles provenant de certains arbustes, et aussi plusieurs caisses de conserves et fûts de vin jetés sur le littoral pendant les deux ou trois jours qui suivirent le naufrage, permirent à la jeune Anglaise d’ajouter aux racines et aux coquillages, dont elle était d’abord nourrie.

Combien de mois Jenny Montrose vécut-elle ainsi sur la Roche-Fumante jusqu’à l’heure de sa délivrance ?…