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sans dessus dessous.

ans, ses cheveux plaqués sur ses tempes, comme une étoffe teinte et reteinte, sa bouche trop meublée de dents trop longues dont elle n’avait pas perdu une seule, sa taille sans profil, sa démarche sans grâce. Bref, l’apparence d’une vieille fille, bien qu’elle eût été mariée — quelques années à peine, il est vrai. Mais c’était une excellente personne, à laquelle rien n’aurait manqué des joies terrestres, si elle avait pu se faire annoncer dans les salons de Baltimore sous le nom de Mrs J.- T. Maston.

La fortune de cette veuve était très considérable. Non qu’elle fût riche comme les Gould, comme les Mackay, les Vanderbilt, les Gordon Bennett, dont la fortune dépasse le milliard, et qui pourraient faire l’aumône à un Rothschild ! Non qu’elle possédât trois cents millions comme Mrs Moses Carper, deux cents millions comme Mrs Stewart, quatre-vingts millions comme Mrs Crocker, — trois veuves, qu’on se le dise ! — ni qu’elle fût riche comme Mrs Hammersley, Mrs Helly Green, Mrs Maffitt, Mrs Marshall, Mrs Para Stevens, Mrs Mintury et quelques autres ! Toutefois, elle aurait eu le droit de prendre place à ce mémorable festin de Fifth-Avenue Hôtel, à New-York,