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sans dessus dessous.

au mort », il fallait l’entendre s’écrier dans ce latin de cuisine, cher aux pipots : « Cadaveri poussandum est ! »

Ce singulier personnage s’appelait Pierdeux (Alcide) et, dans sa manie d’abréger — commune d’ailleurs à tous ses camarades — il signait généralement APıerd et même APı, sans jamais mettre de point sur l’i. Il était si ardent dans ses discussions, qu’on l’avait surnommé Alcide sulfurique. Non seulement il était grand, mais il paraissait « haut ». Ses camarades affirmaient que sa taille mesurait la cinq millionième partie du quart du méridien, soit environ deux mètres, et ils ne se trompaient pas de beaucoup. S’il avait la tête un peu petite pour son buste puissant et ses larges épaules, comme il la remuait avec entrain, et quel vif regard s’échappait de ses yeux bleus à travers son pince-nez ! Ce qui le caractérisait, c’était une de ces physionomies qui sont gaies, tout en étant graves, en dépit d’un crâne dépouillé prématurément par l’abus des signes algébriques sous la lumière des « verres de rosto », autrement dit les becs de gaz des salles d’études. Avec cela le meilleur garçon dont on ait jamais conservé le souvenir à