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Soudain, la coque de l’aéronef s’ouvrit un peu en arrière du premier roufle, dont les accumulateurs actionnaient toujours le propulseur de l’avant, et la partie postérieure de la plate-forme culbuta dans l’espace.

Presque aussitôt s’arrêtèrent les dernières hélices suspensives, et l’Albatros fut précipité vers l’abîme.

C’était une chute de trois mille mètres pour les huit hommes, accrochés, comme des naufragés, à cette épave !

En outre, cette chute allait être d’autant plus rapide que, le propulseur de l’avant, après s’être redressé verticalement, fonctionnait encore !

Ce fut alors que Robur, avec un à-propos qui dénotait un extraordinaire sang-froid, se laissant glisser jusqu’au roufle à demi-disloqué, saisit le levier de mise en train, et changea le sens de la rotation de l’hélice qui, de propulsive qu’elle était, devint suspensive.

Chute, assurément, bien qu’elle fût quelque peu retardée ; mais, du moins, l’épave ne tomba pas avec cette vitesse croissante des corps abandonnés aux effets de la pesanteur. Et, si c’était toujours la mort pour les survivants de l’Albatros, puisqu’ils étaient précipités dans la mer, ce n’était plus la mort par asphyxie, au milieu d’un air que la rapidité de la descente eût rendu irrespirable.

Quatre-vingts secondes au plus après l’explosion, ce qui restait de l’Albatros s’était abîmé dans les flots.