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situation compromise.

« Attends, bébé !… Ce sera bientôt ton tour. »

Et elle descendit sur la scène.

Deuxième acte : la servante y obtint un succès égal à celui que la duchesse avait obtenu au premier, et le rideau dut être relevé au milieu d’une triple salve d’applaudissements.

Décidément, l’occasion ne se présentait pas aux bonnes amies et à leurs tenants d’être désagréables à miss Anna Waston.

Elle regagna sa loge et se laissa tomber sur un canapé, un peu fatiguée, bien qu’elle eût réservé pour l’acte suivant son plus grand effort dramatique.

Cette fois encore, nouveau changement de costume. Ce n’est plus une servante, c’est une dame — une dame en toilette de deuil, un peu moins jeune, car cinq ans se sont passés entre le deuxième et le troisième acte.

P’tit-Bonhomme ouvrait de grands yeux, immobile en son coin, n’osant ni remuer ni parler. Miss Anna Waston, assez énervée, ne lui prêtait aucune attention.

Cependant, dès qu’elle fut habillée :

« Petit, dit-elle, ça va être à toi.

À moi, madame Anna ?…

— Et rappelle-toi que tu te nommes Sib.

— Sib ?… oui !

— Élisa, répète-lui bien qu’il se nomme Sib jusqu’au moment où tu descendras avec lui sur la scène pour le conduire au régisseur près de la porte.

— Oui, madame.

— Et, surtout, qu’il ne manque pas son entrée ! »

Non ! il ne la manquerait pas, dût-on l’y aider d’une bonne tape, le petit Sib… Sib… Sib…

« Tu sais, d’ailleurs, ajouta miss Anna Waston en montrant le doigt à l’enfant, on te reprendrait ta guinée… Ainsi, gare à l’amende…

— Et à la prison ! » ajouta Élisa en faisant ces gros yeux qu’il connaissait bien.