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la mer de trois côtés.

visiter la cabine. Et que l’on juge si P’tit-Bonhomme dût s’applaudir de s’être soustrait à leurs regards, lorsqu’il les entendit échanger ces paroles :

« Il est heureux qu’il n’y ait pas eu un seul homme à bord du schooner !…

— Oh ! celui-là n’y serait pas resté longtemps ! »

Et, en effet, ces sauvages n’eussent point reculé devant un crime pour s’assurer la propriété de l’épave.

Une demi-heure après, la coque de la Doris était mise à la remorque des deux chaloupes, qui forcèrent de voile et d’avirons dans la direction de Dublin.

À neuf heures et demie, les pêcheurs se trouvaient à l’ouvert de la baie. Comme, avec la mer descendante, il leur eût été difficile d’y faire entrer la Doris, ils se dirigèrent vers Kingstown, et bientôt ils accostaient l’estacade.

Il y avait là rassemblement de populaire. L’arrivée de la Doris ayant été signalée, M. O’Brien, Grip et Sissy, Bob et Kat, prévenus du sauvetage, avaient pris le train de Kingstown et se trouvaient sur l’estacade…

Quelle fut leur angoisse en apprenant que les pêcheurs ne ramenaient qu’une coque abandonnée… P’tit-Bonhomme n’était pas à bord… P’tit-Bonhomme avait péri… Et tous, Grip et Sissy, Bob et Kat, de pleurer à chaudes larmes…

En ce moment arriva l’officier de port, chargé de l’enquête relative au sauvetage, ayant qualité pour attribuer à qui de droit le navire avec la cargaison qu’il renfermait… C’était un coup de fortune pour les sauveteurs…

Soudain, hors du capot, apparaît un jeune garçon. Quel cri de joie les siens ont poussé, et par quels cris de fureur les pêcheurs leur ont répondu !

En un instant, P’tit-Bonhomme est sur le quai. Sissy, Grip, M. O’Brien, tous l’ont serré dans leurs bras… Et alors, s’avançant vers l’officier de port :