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la mer de trois côtés.

— Essayons de tirer un parti avantageux de cette affaire, je n’en demande pas plus.

— Il n’y a pas de temps à perdre… reprit P’tit-Bonhomme. La vente est affichée pour après-demain sans remise…

— Eh ! je suis prêt, mon garçon… Mon sac de voyage à prendre… ce n’est pas long ! Demain nous procéderons avec soin à l’examen de cette cargaison de la Doris… Après-demain nous l’achèterons ou nous ne l’achèterons pas, suivant sa qualité et son prix, et, le soir, en route pour Dublin. »

P’tit-Bonhomme vint aussitôt prévenir Grip et Sissy qu’il comptait partir dans la soirée pour Londonderry… Une opération qu’il se proposait de faire avec l’approbation de M. O’Brien… Le plus gros de son capital y serait engagé sans doute, mais à bon escient… Il leur confiait pour quarante-huit heures la direction du bazar des Petites Poches.

Cette séparation, quelque courte qu’elle dût être, était si inopinée que Grip et Bob s’en montrèrent tout marris… le garçonnet surtout. C’était la première fois, depuis quatre ans et demi, que P’tit-Bonhomme et lui allaient se quitter… Deux frères n’eussent pas été attachés par un lien plus étroit… Quant à Sissy, elle ne voyait pas son cher enfant s’éloigner sans éprouver un serrement de cœur. Et pourtant, de s’absenter deux ou trois jours, il n’y avait pas là de quoi s’inquiéter… En ce qui concernait l’affaire elle-même, P’tit-Bonhomme, conseillé par M. O’Brien, ne ferait rien qui fût de nature à compromettre sa situation, à le lancer dans une spéculation hasardeuse…

Les deux négociants, le vieux et le jeune, prirent le train à dix heures du soir. Cette fois, P’tit-Bonhomme dépassa Belfast, la capitale du comté de Down — Belfast, où il avait retrouvé sa chère Sissy. Le lendemain, à huit heures du matin, nos deux voyageurs descendaient à la gare de Londonderry.

Ce que sont les hasards de la destinée ! À Londonderry, où allait s’accomplir un acte important de sa carrière commerciale, P’tit-