Page:Verne - P’tit-bonhomme, Hetzel, 1906.djvu/440

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
421
changement de couleur et d’état.

— Oui… c’est elle qui le veut.

— Ah !… c’est elle qui…

— Oui… et comme tu le veux aussi…

— Moi ?… je l’veux ?… »

Grip ne savait pas ce qu’il répondait, il n’entendait plus un mot de ce que lui disait P’tit-Bonhomme. Il prit son chapeau, le mit sur sa tête, l’ôta, le déposa sur une chaise, et s’assit dessus, sans même s’en apercevoir.

« Allons, lui dit P’tit-Bonhomme, tu seras obligé d’en acheter un autre pour la noce. »

Pour sûr, il en achèterait un autre, mais il ne sut jamais comment son mariage s’était décidé. Pendant une vingtaine de jours, personne ne put le tirer de son ahurissement — pas même Sissy.

Bah ! cela passerait… après la cérémonie.

Ce qui est avéré, c’est que le 24 décembre, la veille de Noël, un beau matin, Grip endossa un vêtement tout noir, comme s’il allait à un deuil, Sissy, une robe blanche, comme si elle allait au bal. M. O’Brien, P’tit-Bonhomme, Bob et Kat mirent leurs habits du dimanche, bien qu’on fût au vendredi. Puis deux voitures vinrent chercher toutes ces personnes à la porte des Petites Poches, pour les conduire à la chapelle catholique et romaine de Bedfort Street. Et, lorsque Grip et Sissy sortirent de cette chapelle une demi-heure plus tard, ne voilà-t-il pas qu’ils étaient mariés tous les deux, et, ce qui ne surprendra personne — l’un avec l’autre !

À cela près, rien n’était changé, quand la joyeuse compagnie rentra au bazar de Little Boy and Co. Et la vente fut reprise, car ce n’est pas la veille du Christmas qu’on eût fermé à sa nombreuse clientèle un bazar si bien achalandé.