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p’tit-bonhomme.

et même une heure plus tôt — et phénomène extraordinaire — il est certain que sa peau devenait plus blanche de jour en jour.

On pensera sans doute que Grip se trouvait dans un état psychologique convenable pour accepter les propositions relatives à l’abandon de son métier de chauffeur et à son entrée comme associé dans la maison Little Boy and Co. C’était l’avis de P’tit-Bonhomme ; mais il se garda bien de pressentir Grip à ce sujet. Mieux valait le laisser venir.

Et c’est un peu ce qui arriva vers le commencement du mois de juin.

« Ça va toujours, les affaires ?… avait demandé Grip.

— Tu peux en juger, répondit P’tit-Bonhomme. Nos magasins ne désemplissent pas.

— Oui… il y a du monde !…

— Beaucoup, Grip, et surtout depuis que Sissy est installée au comptoir.

— Ça n’m’étonne pas, mon boy ! Je n’comprends pas qu’dans tout Dublin et même qu’dans tout’ l’Irlande, on veuille ach’ter n’importe quoi qui n’soit pas vendu par elle !

— Le fait est qu’il serait difficile d’être servi par une jeune fille plus aimable…

— Et plus… ou plus… répliqua Grip, qui ne parvint pas à trouver un comparatif digne de Sissy.

— Et intelligente ! ajouta P’tit-Bonhomme.

— Ainsi… ça va ?… reprit Grip.

— Je te l’ai dit !

— Et m’sieu Balfour ?…

— Monsieur Balfour également.

— C’n’est pas d’sa santé que j’parle ! répondit Grip un peu vivement peut-être. Qu’est-ce que ça m’fait, la santé de m’sieu Balfour ?…

— Mais cela me fait quelque chose, Grip. Il nous est très utile, monsieur Balfour… C’est un excellent comptable…

— Et il s’y entend à sa b’sogne ?…