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p’tit-bonhomme.

Dublin, du Freeman’s Journal, et autres feuilles de la capitale. Les reporters ne tardèrent pas à s’en mêler, et Little Boy and Co — oui ! Bob lui-même ! — furent interwievés avec autant de minutie que l’excellent M. Gladstone. Nous n’allons pas jusqu’à dire que la célébrité de P’tit-Bonhomme balança celle de M. Parnell, bien que l’on parlât beaucoup de ce jeune négociant de Bedfort Street, de sa tentative qui ralliait toutes les sympathies. Il devint le héros du jour, et — ce qui était d’une tout autre importance — on rendit visite à son bazar.

Inutile de dire avec quelle politesse, avec quelle prévenance était accueillie la clientèle, P’tit-Bonhomme, la plume à l’oreille, ayant l’œil à tout, Bob, la mine éveillée, les yeux pétillants, la chevelure bouclée, une vraie tête de caniche, que les dames caressaient comme celle d’un toutou ! Oui ! de vraies dames, des ladies et des misses, qui venaient de Sackeville Street, de Rutland Place, des divers quartiers habités par le beau monde. C’est alors que le rayon des jouets se vidait en quelques heures, voitures et brouettes prenant la route des parcs, bateaux se dirigeant vers les bassins. Par Saint-Patrick ! Bob ne chômait pas. Les babys, frais et rosés, enchantés d’avoir affaire à un marchand de leur âge, ne voulaient être servis que de ses mains.

Ce que c’est que la vogue, et comme le succès est certain, à la condition qu’elle dure ! Durerait- elle, celle de Little Boy and Co ? En tout cas, P’tit-Bonhomme n’y épargnerait ni son travail ni son intelligence.

Il est superflu d’ajouter que, dès l’arrivée du Vulcan à Dublin, la première visite de Grip était pour ses amis. Se servir du mot « émerveillé », cela ne suffirait pas pour peindre son état d’âme. Un sentiment d’admiration le débordait. Jamais il n’avait rien vu de pareil à ce magasin de Bedfort Street, et, à l’en croire, depuis l’installation des Petites Poches, Bedfort Street aurait pu soutenir la comparaison avec la rue Sackeville de Dublin, avec le Strand de Londres, avec le Broadway de New-York, avec le boulevard des Italiens de Paris. À chaque visite, il se croyait obligé d’acheter une chose ou une autre pour « faire aller le commerce », qui, d’ailleurs, allait