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une idée commerciale de bob.

— Et, si je ne me trompe, voilà ce chien qui a causé la mort de mon pointer ?… Il est donc ressuscité ?… Je croyais pourtant lui avoir réglé son compte…

— Il n’y paraît pas ! répliqua P’tit-Bonhomme, qui ne se démontait pas devant l’aplomb de son ancien maître.

— Eh bien ! puisque je te rencontre, méchant boy, je vais te payer ce que je te dois, s’écria le comte Ashton, qui s’avança vivement, la canne levée.

— C’est vous, au contraire, qui allez payer à Bob le prix de ses oiseaux, monsieur Piborne !

— Non… toi d’abord… comme ceci ! »

Et, d’un coup de sa canne, le jeune gentleman cingla la poitrine de P’tit-Bonhomme.

Celui-ci, quoiqu’il fût moins âgé que son adversaire, l’égalait en vigueur et le dépassait en courage. Il bondit, il s’élança sur le comte Ashton, il lui arracha sa canne, il le gratifia de deux maîtresses gifles à pleines mains.

Le descendant des Piborne voulut riposter… Il n’était pas de force. En un instant il fut jeté à terre et maintenu sous le genou de P’tit-Bonhomme.

Ses deux camarades voulurent intervenir et le dégager. Mais Birk eut la même idée, car, se redressant, la gueule ouverte, les crocs menaçants, il allait leur faire un mauvais parti si son maître, qui s’était redressé, ne l’avait retenu.

Puis, celui-ci s’adressant à Bob :

« Viens ! » dit-il.

Et, sans s’inquiéter du comte Ashton et des deux autres, qui ne se souciaient pas d’entrer en lutte avec Birk, P’tit-Bonhomme et Bob revinrent vers leur auberge.

À la suite d’une scène aussi désagréable pour l’amour-propre du jeune Piborne, le mieux était de quitter Bray au plus vite. Ce serait toujours une fâcheuse affaire, si le battu portait plainte, quoiqu’il eût été l’agresseur. Peut-être, avec une meilleure apprécia-