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p’tit-bonhomme.

jours l’occasion de les « mettre dans les affaires ». C’était la formule dont il se servait. Bob ouvrait de grands yeux, lorsqu’il l’entendait s’exprimer de la sorte. Alors P’tit-Bonhomme lui expliquait que cela consisterait à acheter des choses et à les revendre plus cher qu’on ne les avait achetées.

« Des choses qui se mangent ?… demanda Bob.

— Des choses qui se mangent ou des choses qui ne se mangent pas, c’est selon.

— J’aimerais mieux des choses qui se mangent…

— Pourquoi, Bob ?

— Parce que, si on ne les vendait pas, du moins on pourrait se nourrir avec !

— Eh ! Bob, tu n’entends déjà pas si mal le commerce ! L’important est de bien choisir ce qu’on achète, et on finit toujours par vendre avec profit. »

C’est à cela que pensait sans cesse notre héros, et il fit quelques tentatives de nature à l’encourager. Le papier à lettres, les crayons, les allumettes, s’il essaya de ce genre de négoce, presque infructueusement, à cause de la concurrence, il réussit mieux avec la vente des journaux, en se tenant aux abords de la gare. Bob et lui étaient si intéressants, ils avaient l’air si honnête, ils offraient la marchandise avec tant de gentillesse, qu’on ne résistait guère à la tentation de leur acheter les feuilles courantes, des livrets de chemin de fer, des horaires, divers petits livres à bon marché. Un mois après avoir entrepris ce commerce, P’tit-Bonhomme et Bob possédaient chacun un éventaire sur lequel journaux et brochures étaient rangés en ordre, les titres bien apparents, les illustrations bien en vue, et toujours de la monnaie pour rendre aux acheteurs. Il va sans dire que Birk ne quittait jamais son maître. Est-ce donc qu’il se considérait comme leur associé ou, tout au moins, leur commis ? De temps à autre, un journal entre les dents, il courait vers les passants, et se présentait en faisant des gambades si insinuantes, si démonstratives !

Bientôt même on le vit avec une corbeille, placée sur son