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sept mois à cork.

n’en forment plus qu’un seul en se déroulant vers la baie. C’était la douane, avec son agitation incessante, son va-et-vient de toutes les heures. À partir de ce confluent, plus de pont sur la rivière, un lit dégagé de toute entrave, la liberté de communication entre Queenstown et Cork.

Alors, de même qu’il avait déjà demandé « les bateaux ? », Bob de s’écrier :

« Et la mer ?… »

Oui… la mer que son grand frère lui avait promise…

« La mer… c’est plus loin, Bob !… Nous finirons par y arriver, je pense. »

Et, de fait, il n’y avait qu’à prendre passage sur l’un de ces ferry-boats, qui font le service de l’estuaire. Cela épargnerait du temps et de la fatigue. Quant au prix de deux places, ce n’était pas cher. Quelques pence seulement. On pouvait se permettre cela le premier jour, et, d’ailleurs, Birk n’aurait rien à payer.

Quelle joie ressentit P’tit-Bonhomme à dévaller le cours de la Lee sur ce bateau filant à toute vitesse. Il revint alors par la pensée à la noble famille des Piborne visitant l’île de Valentia, à la mer déserte de là-bas. Ici, spectacle très différent. On croisait de nombreuses embarcations de tout tonnage. Sur les rives se succédaient des magasins spacieux, des établissements de bains, des chantiers de construction, que regardaient les deux enfants placés à l’avant du ferry-boat.

Ils arrivèrent enfin à Queenstown, un beau port, long de huit à neuf milles du nord au sud, et large d’une demi-douzaine de l’est à l’ouest.

« Est-ce que c’est la mer ?… demanda Bob.

— Non… un morceau à peine, répondit P’tit-Bonhomme.

— C’est bien plus grand ?…

— Oui !… On ne voit pas où ça finit. »

Mais, le ferry-boat n’allant pas au-delà de Queenstown, Bob ne vit pas ce qu’il tenait tant à voir.