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p’tit-bonhomme.

réjouir, alors qu’il y a de bons coins à vous attendre dans une des auberges de Woodside.

P’tit-Bonhomme et Birk hâtèrent le pas et, un peu avant six heures du soir, ils n’étaient plus qu’à trois milles de la bourgade, lorsque Birk, s’arrêtant, fit entendre un singulier grognement.

P’tit-Bonhomme s’arrêta aussi et regarda le long de la route : il ne vit rien.

« Qu’as-tu, Birk ? »

Birk aboya de nouveau. Puis, s’élançant à droite, courut du côté de la rivière, dont la berge n’était distante que d’une vingtaine de pas.

« Il a soif, sans doute, pensa P’tit-Bonhomme, et, ma foi, il me donne l’envie de boire. »

Il se dirigeait vers la Dripsey, lorsque le chien, poussant un aboiement plus aigu, se précipita dans le courant.

P’tit-Bonhomme, très surpris, eut atteint la berge en quelques bonds, et il allait rappeler son chien…

Il y avait là un corps entraîné par le courant rapide — le corps d’un enfant. Le chien venait de le saisir par ses habits ou plutôt ses haillons. Mais la Dripsey est pleine de remous, qui rendent son cours très dangereux. Birk essayait de revenir à la berge… C’est à peine s’il gagnait, tandis que l’enfant se raccrochait convulsivement à sa fourrure.

P’tit-Bonhomme savait nager — on se souvient que Grip le lui avait enseigné. Il n’hésita pas, et il commençait à se débarrasser de sa veste, lorsque, dans un dernier effort, Birk parvint à reprendre pied sur la berge.

P’tit-Bonhomme n’eut plus qu’à se baisser, à saisir l’enfant par ses vêtements, à le déposer en lieu sûr, tandis que le chien se secouait en aboyant.

Cet enfant était un garçon — un garçon de six à sept ans au plus. Les yeux fermés, la tête ballottante, il avait perdu connaissance…