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à trelingar-castle.

« C’est vous qui avez ramassé ce portefeuille ? demanda-t-il à P’tit-Bonhomme.

— Oui, monsieur le marquis.

— Et vous l’avez ouvert, sans doute ?

— Je l’ai ouvert pour savoir à qui il appartenait.

— Vous avez vu qu’il y avait une banknote… Mais peut-être n’en connaissiez-vous pas la valeur ?

— C’est une banknote de cent livres, répondit P’tit-Bonhomme sans hésiter.

— Cent livres… ce qui vaut ?…

— Deux mille shillings.

— Ah ! vous savez cela, et, le sachant, vous n’avez pas eu la pensée de vous approprier ?…

— Je ne suis pas un voleur, monsieur le marquis, répliqua fièrement P’tit-Bonhomme, pas plus que je ne suis un mendiant ! »

Lord Piborne avait refermé le portefeuille, après en avoir retiré la banknote qu’il serra dans sa poche. Quant au jeune garçon, il venait de saluer, et faisait quelques pas en arrière, lorsque Sa Seigneurie lui dit, sans laisser voir d’ailleurs que cet acte d’honnêteté l’eût touché :

« Quelle récompense voulez-vous pour avoir rapporté ce portefeuille ?…

— Bah !… quelques shillings… opina le comte Ashton.

— Ou quelques pence, c’est tout ce que cela vaut ! » se hâta d’ajouter M. Scarlett.

P’tit-Bonhomme fut révolté à la pensée qu’on le marchandait, alors qu’il n’avait rien réclamé, et il répartit :

« Il ne m’est dû pour cela ni pence ni shillings. »

Puis il se dirigea vers la route.

« Attendez, dit lord Piborne. Quel âge avez-vous ?…

— Bientôt dix ans et demi.

— Et votre père… votre mère ?…

— Je n’ai ni père ni mère.