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p’tit-bonhomme.

doute, qui couraient entre les bottes de litière. Quant à la fenêtre, elle était fermée, et il n’y avait rien à craindre.

P’tit-Bonhomme, ayant eu soin de repousser la porte qui séparait les deux chambres, s’empressa de rentrer.

« Et Jenny ? demanda Grand’mère.

— Elle s’est rendormie.

— Alors, reste près de moi, mon enfant…

— Oui, Grand’mère. »

Tous deux, courbés devant l’âtre flambant, reparlèrent de Martin et de Murdock, puis de Martine, de Kitty, de Sim, qui étaient allés à leur rencontre.

Pourvu qu’il ne leur fût pas arrivé malheur ! Au milieu de ces tempêtes de neige, il se produit parfois de si terribles catastrophes ! Bah ! des hommes énergiques et vigoureux savent se tirer d’affaire… Dès qu’ils rentreraient, ils trouveraient un bon feu dans le foyer, un grog brûlant sur la table… P’tit-Bonhomme n’aurait qu’à jeter une brassée de fagots au fond de l’âtre.

Depuis deux heures déjà, Martine et les autres étaient partis, et rien n’annonçait leur prochain retour.

« Voulez-vous que j’aille jusqu’à la porte de la cour, Grand’mère ? proposa P’tit-Bonhomme. De là, je m’avancerai sur la route afin de voir plus loin…

— Non… non !… Il ne faut pas que la maison reste seule, répondit Grand’mère, et elle est seule lorsqu’il n’y a que moi à la garder ! »

Ils se remirent à causer. Mais bientôt — ce qui arrivait quelquefois — la fatigue et l’inquiétude aidant, la vieille femme ne tarda pas à s’assoupir.

P’tit-Bonhomme, suivant son habitude, lui glissa un oreiller derrière la tête, se promettant d’éviter tout bruit qui pourrait la réveiller, et il vint se poster près de la fenêtre.

Après en avoir déglacé une des vitres, il regarda.

Tout était blanc au dehors, tout était silencieux comme dans un enclos de cimetière.