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nord contre sud.

Dy venait de se réveiller. Son corps amaigri faisait peine à voir sous ses vêtements usés par tant de fatigues.

« Viens, ma chérie, dit Zermah.

— Où ? demanda l’enfant.

— Là… dans la forêt !… Peut-être y trouverons-nous ton père… ton frère !… Tu n’auras pas peur ?…

— Avec toi, jamais ! » répondit la petite fille.

Alors la métisse entr’ouvrit la porte de sa chambre avec précaution. Comme elle n’avait entendu aucun bruit dans la chambre à côté, elle supposait que Texar ne devait pas être dans le wigwam.

En effet, il n’y avait personne.

Tout d’abord, Zermah chercha quelque arme dont elle était décidée à se servir contre quiconque tenterait de l’arrêter. Il y avait sur la table un de ces larges coutelas dont les Indiens font usage dans leurs chasses. La métisse s’en saisit et le cacha sous son vêtement. Elle prit aussi un peu de viande sèche, qui devait assurer sa nourriture pendant quelques jours.

Il s’agissait maintenant de sortir du wigwam. Zermah regarda à travers les trous du paillis dans la direction du canal. Aucun être vivant n’errait sur cette portion de l’île, pas même celui des deux chiens qui avait été laissé à la garde de l’habitation.

La métisse, rassurée, essaya d’ouvrir la porte extérieure.

Cette porte, fermée en dehors, résista.

Aussitôt Zermah rentra dans sa chambre avec l’enfant. Il n’y avait plus qu’une chose à faire : c’était d’utiliser le trou à demi-percé déjà à travers la paroi du wigwam.

Ce travail ne fut pas difficile. La métisse put se servir de son coutelas pour trancher les roseaux entrelacés dans le paillis, — opération qui fut faite avec aussi peu de bruit que possible.

Toutefois, si le limier qui n’avait pas suivi Texar ne parut pas, en serait-il ainsi lorsque Zermah serait dehors ? Ce chien n’accourrait-il pas, ne se jetterait-il pas sur elle et sur la petite fille ? Autant aurait valu se trouver en face d’un tigre !