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rencontre.

— Tout d’abord, répondit Gilbert, reconnaître, si c’est possible, quel peut être ce détachement, avant d’essayer de le tourner.

— Je suis prêt à aller en reconnaissance, dit Mars.

— Et moi, à vous accompagner, ajouta Perry.

— Non, j’irai, répondit Gilbert. Je ne puis m’en rapporter qu’à moi seul…

— Gilbert, dit James Burbank, il n’est pas un de nous qui ne demande à risquer sa vie dans l’intérêt commun. Mais, pour faire cette reconnaissance avec quelque chance de ne pas être aperçu, il faut être seul…

— C’est seul que j’irai.

— Non, mon fils, je te demande de rester avec nous, répondit M. Burbank. Mars suffira.

— Je suis prêt, mon maître ! »

Et Mars, sans en demander davantage, disparut dans l’ombre.

En même temps, James Burbank et les siens se préparèrent pour résister à n’importe quelle attaque. Les ballots furent déposés à terre. Les porteurs reprirent leurs armes. Tous, le fusil à la main, se blottirent derrière les fûts de cyprès, de manière à se réunir en un instant, si un mouvement de concentration devenait nécessaire.

De l’endroit que James Burbank occupait, on ne pouvait apercevoir le campement. Il fallait s’approcher d’une cinquantaine de pas pour que les feux, alors très affaiblis, devinssent visibles. De là, nécessité d’attendre que le métis fût de retour, avant de prendre le parti qu’exigeaient les circonstances. Très impatient, le jeune lieutenant s’était porté à quelques yards du lieu de halte.

Mars s’avançait alors avec une extrême prudence, ne quittant l’abri d’un tronc d’arbre que pour un autre. Il s’approchait ainsi avec moins de risques d’être aperçu. Il espérait arriver assez près pour observer la disposition des lieux, reconnaître le nombre des hommes, et surtout à quel parti ils appartenaient. Cela ne laisserait pas d’être assez difficile. La nuit était sombre, et les feux ne donnaient plus aucune clarté. Pour réussir, il fallait se glisser jusqu’au campement. Or, Mars avait assez d’audace pour le