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nord contre sud.

« Est-ce un signal pour rappeler les assaillants sur la rive droite ? dit Walter Stannard.

— Peut-être ! répondit John Bruce. Il est possible qu’il y ait une alerte là-bas.

— Oui, et, si ces trois coups de canon n’ont pas été tirés de Jacksonville… dit le régisseur.

— C’est qu’ils ont été tirés des navires fédéraux ! s’écria James Burbank. La flottille aurait-elle enfin forcé l’entrée du Saint-John et remonté le fleuve ? »

En somme, il n’était pas impossible à ce que le commodore Dupont fût devenu maître du fleuve, au moins dans la partie inférieure de son cours.

Il n’en était rien. Ces trois coups de canon avaient été tirés de la batterie de Jacksonville. Cela ne fut bientôt que trop évident, car ils ne se renouvelèrent pas. Il n’y avait donc aucun engagement entre les navires nordistes et les troupes confédérées, soit sur le Saint-John, soit sur les plaines du comté de Duval.

Et, il n’y eut plus à douter que ce fut un signal de rappel, adressé aux chefs du détachement de la milice, lorsque Perry, qui s’était porté à l’une des meurtrières latérales, s’écria :

« Ils se retirent !… Ils se retirent ! »

James Burbank et ses compagnons se dirigèrent aussitôt vers la fenêtre du centre, qui fut entrouverte.

Les coups de hache ne retentissaient plus sur la porte. Les coups de feu avaient cessé. On n’entrevoyait plus un seul des assaillants. Si leurs cris, leurs derniers hurlements, passaient encore dans l’air, ils s’éloignaient manifestement.

Ainsi donc, un incident quelconque avait obligé les autorités de Jacksonville à rappeler toute cette troupe sur l’autre rive du Saint-John. Sans doute, il avait été convenu que trois coups de canon seraient tirés pour le cas où quelque mouvement de l’escadre menacerait les positions des confédérés. Aussi les assaillants avaient-ils brusquement suspendu leur dernier assaut. Maintenant, à travers les champs dévastés du domaine, ils suivaient cette