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attente.

— Il me renverra ?

— Sans doute. Quand tu lui appartenais, il pouvait te garder, même à rien faire. Mais, du moment que tu ne lui appartiens plus, si tu continues à ne pas vouloir travailler, il te mettra bel et bien à la porte, et nous verrons ce que tu feras de ta liberté, pauvre sot ! »

Évidemment, Pyg n’avait point envisagé la question à ce point de vue.

« Comment, monsieur Perry, reprit-il, vous croyez que monsieur Burbank serait assez cruel pour…

— Ce n’est pas la cruauté, répliqua le régisseur, c’est la logique des choses qui conduit à cela. D’ailleurs, que monsieur James le veuille ou non, il y a un arrêté du comité de Jacksonville qui ordonne l’expulsion de tous les affranchis du territoire de la Floride.

— C’est donc vrai ?

— Très vrai, et, nous verrons comment tes compagnons et toi, vous vous tirerez d’affaire, maintenant que vous n’avez plus de maître.

— Je ne veux pas quitter Camdless-Bay ! s’écria Pygmalion… Puisque je suis libre…

— Oui !… tu es libre de partir, mais tu n’es pas libre de rester ! Je t’engage donc à faire tes paquets !

— Et que vais-je devenir ?

— Cela te regarde !

— Enfin, puisque je suis libre… reprit Pygmalion, qui en revenait toujours là.

— Ça ne suffit point, paraît-il !

— Dites-moi alors ce qu’il faut faire, monsieur Perry !

— Ce qu’il faut faire ? Tiens, écoute… et suis mon raisonnement, si tu en es capable.

— Je le suis.

— Tu es affranchi, n’est-ce pas ?

— Oui, certes, monsieur Perry, et, je vous le répète, j’ai mon acte d’affranchissement dans ma poche.

— Eh bien, déchire-le !