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situation difficile.

Ce n’était pas le Franklin, et elle ne s’y trompa point. Mais secouant la tête, elle dit :

« John !… Mon John !… Toi aussi, tu reviendras bientôt… et je serai là pour te recevoir ! »

Soudain ses regards semblèrent fouiller les eaux de cette baie qu’elle venait de reconnaître. Elle poussa un cri déchirant, et se retournant vers M. William Andrew :

« Monsieur Andrew… vous… dit-elle. Et lui… mon petit Wat… mon enfant… mon pauvre enfant !… Là… là… je me souviens !… Je me souviens !… »

Et elle tomba agenouillée sur le pont de l’embarcation, les yeux noyés de larmes.




VIII

situation difficile


Mrs. Branican revenue à la raison, c’était comme une morte qui serait revenue à la vie. Puisqu’elle avait résisté à ce souvenir, à l’évocation de cette scène, puisque cet éclair de sa mémoire ne l’avait pas foudroyée, pouvait-on, devait-on espérer que cette reprise d’elle-même serait définitive ? Son intelligence ne succomberait-elle pas une seconde fois, lorsqu’elle apprendrait que, depuis quatre ans, les nouvelles du Franklin faisaient défaut, qu’il fallait le considérer comme perdu, corps et biens, qu’elle ne reverrait jamais le capitaine John ?…

Dolly, brisée par cette violente émotion, avait été immédiatement ramenée à Prospect-House. Ni M. William Andrew, ni le docteur Brumley n’avaient voulu la quitter, et grâce aux femmes attachées