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éventualités diverses.

on l’apprit rapidement — se chiffrait par une somme considérable.

Ce jour-là — 17 mai — à la première heure, M. William Andrew, s’étant rendu à Prospect-House, avait constaté qu’il ne restait plus rien des valeurs appartenant à Mrs. Branican. Dolly était absolument sans ressources. Son infidèle tuteur n’avait même pas laissé de quoi subvenir à ses premiers besoins.

M. William Andrew s’arrêta aussitôt au seul parti qu’il y eût à prendre : c’était de faire entrer Mrs. Branican dans une maison de santé, où sa situation serait assurée, et de congédier cette Nô, qui ne lui inspirait aucune confiance.

Donc, si Len Burker avait espéré que la mulâtresse resterait près de Dolly, et qu’elle le tiendrait au courant des modifications que son état de santé ou de fortune subirait dans l’avenir, il fut déçu de ce chef.

Nô, mise en demeure de quitter Prospect-House, partit le jour même. Dans la pensée qu’elle chercherait sans doute à rejoindre les époux Burker, la police la fit observer pendant quelque temps. Mais cette femme, très défiante et très rusée, parvint à dépister les agents, et disparut à son tour, sans que l’on sût ce qu’elle était devenue.

Maintenant, il était abandonné, ce chalet de Prospect-House, où John et Dolly avaient vécu si heureux, où ils avaient fait tant de rêves pour le bonheur de leur enfant !

Ce fut dans la maison de santé du docteur Brumley, qui l’avait déjà soignée, que Mrs. Branican fut conduite par M. William Andrew. Son état mental se ressentirait-il du changement récemment produit dans son existence ? On l’espéra vainement. Elle resta aussi indifférente qu’elle l’avait été à Prospect-House. La seule particularité digne d’être relevée, c’est qu’une sorte d’instinct naturel semblait surnager au milieu du naufrage de sa raison. Quelquefois, il lui arrivait de murmurer une chanson de bébé, comme si elle eût voulu endormir un enfant entre ses bras. Mais le nom du petit Wat ne s’échappait jamais de ses lèvres.