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mistress branican.

hermétiquement. On eût dit une maison inhabitée, silencieuse, enveloppée de mystère.

M. William Andrew sonna à la porte qui était ménagée entre les barrières de l’enclos. Personne ne se montra. Il ne semblait même pas que le visiteur eût été vu ni entendu.

Est-ce donc qu’il n’y avait personne en ce moment à Prospect-House ?

Second coup de sonnette, suivi, cette fois, du bruit d’une porte latérale qui s’ouvrait.

La mulâtresse parut, et, dès qu’elle eut reconnu M. William Andrew, elle ne put retenir un geste de dépit, dont celui-ci ne s’aperçut pas, d’ailleurs.

Cependant la mulâtresse s’était approchée, et sans attendre que la porte eût été ouverte, M. William Andrew, lui parlant par-dessus la clôture :

« Est-ce que mistress Branican n’est pas chez elle ? demanda-t-il.

— Elle est sortie… monsieur Andrew… répondit Nô, avec une hésitation singulière, très visiblement mêlée de crainte.

— Où donc est-elle ?… dit M. William Andrew, qui insista pour entrer.

— Elle est en promenade avec mistress Burker.

— Je croyais qu’on avait renoncé à ces promenades, qui la surexcitaient et provoquaient des crises ?…

— Oui, sans doute… répondit Nô. Mais, depuis quelques jours… nous avons repris ces sorties… Cela semble maintenant faire quelque bien à mistress Branican…

— Je regrette qu’on ne m’ait pas prévenu, répondit M. William Andrew. — M. Burker est-il au chalet ?

— Je ne sais…

— Assurez-vous-en, et, s’il y est, prévenez-le que je désire lui parler. »

Avant que la mulâtresse eût répondu — et peut-être eût-elle été très embarrassée pour répondre ! — la porte du rez-de-chaussée