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mistress branican.

retrouver. Elle hâta sa course, et se vit bientôt en présence de son mari qui fuyait de ce côté.

Len Burker, l’ayant saisie par le bras, voulut l’entraîner. À la pensée que Jane rejoindrait Dolly, qu’elle lui dévoilerait le secret de la naissance de Godfrey, sa fureur fut portée au comble. Et, comme Jane résistait, il la renversa d’un coup de poignard.

À ce moment, éclata un coup de fusil, qui fut accompagné de ces mots — tout à fait en situation, cette fois :

« Bien !… Oh !… Très bien ! »

C’était Jos Meritt qui, après avoir tranquillement ajusté Len Burker, venait de le faire rouler dans les eaux de la Fitz-Roy.

Telle fut la fin de ce misérable, frappé d’une balle au cœur par la main du gentleman.

Tom Marix s’élança vers Jane qui respirait encore, mais bien faiblement. Deux agents prirent la malheureuse femme entre leurs bras, et la rapportèrent près de Mrs. Branican.

En voyant Jane dans cet état, Dolly poussa un cri déchirant. Penchée sur la mourante, elle cherchait à entendre les battements de son cœur, à surprendre le souffle qui s’échappait de sa bouche. Mais la blessure de Jane était mortelle, le poignard lui ayant traversé la poitrine.

« Jane… Jane !… » répéta Dolly d’une voix forte.

À cette voix, qui lui rappelait les seules affections qu’elle eût jamais connues, Jane rouvrit les yeux, regarda Dolly, et lui sourit en murmurant :

« Dolly !… Chère Dolly ! »

Soudain son regard s’anima. Elle venait d’apercevoir le capitaine John.

« John… vous… John ! dit-elle, mais si bas qu’on put à peine l’entendre.

— Oui… Jane, répondit le capitaine, c’est moi… moi que Dolly est venu sauver…

— John… John est là !… murmura-t-elle.