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mistress branican.

— Oui… mistress Branican, capitaine John, votre femme… qui est près d’ici !…

— Dolly ?… s’écria John.

— Ce garçon est fou !… dit Len Burker, en s’approchant de Godfrey…

— Oui !… fou !… murmura le capitaine John. Le pauvre enfant est fou !

— Len Burker, reprit Godfrey, qui tremblait de colère, vous êtes un traître… vous êtes un assassin !… Et si cet assassin est ici, capitaine John, c’est qu’il veut se défaire de vous, après avoir abandonné mistress Branican et ses compagnons…

— Dolly !… Dolly !… s’écria le capitaine John. Non… Tu n’es pas un fou, mon enfant !… Je te crois… je te crois !… Viens !… viens ! »

Len Burker et ses hommes se précipitèrent sur John et sur Godfrey, qui, prenant un revolver à sa ceinture, frappa un des noirs en pleine poitrine. Mais John et lui furent saisis, et les noirs les entraînèrent vers la rivière.

Heureusement, la détonation avait été entendue. Des cris lui répondirent à quelques centaines de pas en aval, et presque aussitôt, le mani et ses agents, Tom Marix et ses compagnons, Mrs. Branican, Zach Fren, Jos Meritt, Gîn-Ghi, se précipitaient de ce côté.

Len Burker et les noirs n’étaient pas en force pour résister, et, un instant après, John était entre les bras de Dolly.

La partie était perdue pour Len Burker. Si l’on s’emparait de lui, il n’avait aucune grâce à attendre, et, suivi de ses noirs, il prit la fuite en remontant le cours d’eau.

Le mani, Zach Fren, Tom Marix, Jos Meritt et une douzaine d’agents se lancèrent à sa poursuite.

Comment peindre les sentiments, comment rendre l’émotion qui débordait du cœur de Dolly et de John ? Ils pleuraient, et Godfrey se mêlait à leurs étreintes, à leurs baisers, à leurs larmes.

Tant de joie fit alors sur Dolly ce que tant d’épreuves n’avaient pu faire. Ses forces l’abandonnèrent, et elle tomba sans connaissance.