Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/414

Cette page a été validée par deux contributeurs.
381
indices et incidents.

eût fait déblayer le puits, rejeter la couche souillée de sa surface, creuser les sables pour en extraire une eau moins impure. Ils se désaltéraient alors. On remplissait ensuite les tonnelets qui devaient suffire jusqu’au puits prochain.

Tel fut le voyage pendant une huitaine de jours — du 10 au 17 mars — sans autre incident, mais avec un accroissement de fatigues qui ne pouvait plus se prolonger. L’état des deux malades ne s’améliorait point, au contraire, et il y avait lieu de craindre une issue fatale. Privé de cinq chameaux, Tom Marix était embarrassé pour faire face aux nécessités du transport.

Le chef de l’escorte commençait à être extrêmement inquiet. Mrs. Branican ne l’était pas moins, bien qu’elle n’en laissât rien paraître. La première en marche, la dernière à la halte, elle donnait l’exemple du plus extraordinaire courage, uni à une confiance que rien n’aurait pu ébranler.

Et à quels sacrifices n’eût-elle pas consenti pour éviter ces retards incessants, pour abréger cet interminable voyage !

Un jour, elle demanda à Tom Marix pourquoi il ne ralliait pas directement le haut cours de la rivière Fitz-Roy, où les renseignements des indigènes plaçaient le dernier campement des Indas.

« J’y ai songé, répondit Tom Marix, mais c’est toujours la question de l’eau qui me retient et me préoccupe, mistress Branican. En allant vers Joanna-Spring, nous ne pouvons manquer de rencontrer un certain nombre de ces puits que le colonel Warburton a signalés.

— Est-ce qu’il ne s’en trouve pas sur les territoires du nord ? demanda Dolly.

— Peut-être, mais je n’en ai pas la certitude, dit Tom Marix. Et d’ailleurs, il faut admettre la possibilité que ces puits soient desséchés maintenant, tandis qu’en continuant notre marche vers l’ouest, nous sommes assurés d’atteindre la rivière d’Okaover, où le colonel Warburton a fait halte. Or, cette rivière, c’est de l’eau courante, et nous aurons toute facilité d’y refaire notre provision avant de gagner la vallée de la Fitz-Roy.