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journal de mistress branican.

Nous remontons vers le nord-ouest, à peu près sur la route du colonel Warburton. Notre itinéraire se confondra sensiblement avec le sien jusqu’à la Fitz-Roy river. Puissions-nous ne pas subir les épreuves qu’il a subies, ni laisser en arrière quelques-uns de nos compagnons, morts d’épuisement ! Par malheur, les circonstances sont moins favorables. C’est au mois d’avril que le colonel Warburton a quitté Alice-Spring — ce que serait le mois d’octobre dans le Nord-Amérique, c’est-à-dire vers la fin de la saison chaude. Notre caravane, au contraire, n’est partie d’Alice-Spring qu’à la fin d’octobre, et nous sommes en novembre, c’est-à-dire au commencement de l’été australien. Aussi la chaleur est-elle déjà excessive, trente-cinq degrés centigrades à l’ombre, lorsqu’il y a de l’ombre. Et nous ne pouvons en attendre que d’un nuage qui passe sur le soleil, d’un abri que nous offre un bouquet d’arbres…

L’ordre de marche adopté par Tom Marix est très pratique. La durée et les heures des étapes sont également bien proportionnées. Entre quatre et huit heures du matin, première étape, puis halte jusqu’à quatre heures. Seconde étape de quatre heures à huit heures du soir, et repos toute la nuit. Nous évitons ainsi de cheminer pendant la brûlante méridienne. Mais que de temps perdu ! que de retards ! En admettant qu’il ne survienne aucun obstacle, c’est à peine si nous serons dans trois mois d’ici sur les bords de la Fitz-Roy river…

Je suis très satisfaite des services de Tom Marix. Zach Fren et lui sont deux hommes résolus, sur lesquels je puis compter en toutes circonstances.

Godfrey m’effraie par sa nature passionnée. Il est toujours en avant, et souvent nous le perdons de vue. J’ai de la peine à le retenir près de moi, et, pourtant, cet enfant m’aime autant que s’il était mon fils. Tom Marix lui a fait des observations sur sa témérité. J’espère qu’il en tiendra compte.

Len Burker presque toujours à l’arrière de la caravane semble plutôt rechercher la compagnie des noirs de l’escorte que celle des blancs. Il connaît de longue date leurs goûts, leurs instincts, leurs habitudes.