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au delà de la station d'alice-spring.

n’a de valeur que par la difficulté qu’on éprouve à l’atteindre, et non par ses propriétés comestibles. Il en fut de même d’un « bungari », animal de grande taille à pelage noirâtre, qui se faufile entre les hautes ramures à la façon des marsupiaux, s’accrochant avec ses griffes de chat, balançant sa longue queue. Cet être, essentiellement noctambule, se cache si adroitement entre les branches qu’il est malaisé de l’y reconnaître.

Par exemple, Tom Marix fit observer que le bungari fournit un gibier excellent, dont la chair est très supérieure à celle du kangourou, lorsqu’on la fait rôtir sur des braises. On eut d’autant plus de regret de n’en pouvoir juger, et il était probable que les bungaris cesseraient de se montrer aux approches du désert. Évidemment, en s’avançant à l’ouest, la caravane serait réduite à ne vivre que de ses propres ressources.

Cependant, malgré les difficultés du sol, Tom Marix parvenait à maintenir la moyenne réglementaire de douze à quatorze milles par vingt-quatre heures, — moyenne sur laquelle était basée la marche de l’expédition. Bien que la chaleur fût déjà très forte — trente à trente-cinq degrés à l’ombre — le personnel la supportait assez convenablement. Durant le jour, il est vrai, on trouvait encore quelques groupes d’arbres au pied desquels le campement pouvait être dressé dans des conditions acceptables. D’ailleurs, l’eau ne manquait pas, bien qu’il n’y eût plus que quelques filets dans le lit des creeks. Les haltes qui avaient régulièrement lieu de neuf heures à quatre heures de l’après-midi, dédommageaient suffisamment hommes et bêtes de la fatigue des marches.

La contrée était inhabitée. Les derniers runs avaient été laissés en arrière. Plus de paddocks, plus d’enclos, plus de ces nombreux moutons qu’une herbe courte et desséchée n’aurait pu nourrir. À peine rencontrait-on de rares indigènes, qui se dirigeaient vers les stations de l’Overland-Telegraf-Line.

Le 7 novembre, dans l’après-midi, Godfrey, qui s’était éloigné d’un demi-mille en avant, revint en signalant la présence d’un homme à