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mistress branican.

— Et de quelle façon pourraient-ils s’y prendre ?… répondit Tom Marix.

— Il me semble pourtant, dit Jos Meritt, qu’il y aurait un moyen sûr d’anéantir ces lapins.

— Et lequel ? demanda Godfrey.

— Ce serait d’obtenir du Parlement britannique un décret ainsi conçu : « Il ne sera plus porté que des chapeaux de castor dans tout le Royaume-Uni et les colonies qui en dépendent. Or, comme le chapeau de castor n’est jamais fait qu’avec du poil de lapin… Bien !… Oh !… Très bien ! »

Et c’est ainsi que Jos Meritt acheva sa phrase par son exclamation habituelle.

Quoi qu’il en soit, et en attendant que ledit décret fût rendu par le Parlement, le mieux était de se nourrir des lapins abattus en route. C’en serait autant de moins pour l’Australie, et on ne se fit pas faute de leur donner la chasse. Quant aux autres animaux, ils n’auraient pu servir à l’alimentation ; mais on aperçut quelques mammifères d’une espèce particulière, et des plus intéressantes pour les naturalistes. L’un était un échidné de la famille des monotrèmes, au museau en forme de bec avec des lèvres cornées, au corps hérissé de piquants comme un hérisson, et dont la principale nourriture se compose des insectes qu’il happe avec sa langue filiforme, tendue hors de son terrier. L’autre était un ornithorynque, avec des mandibules de canard, des poils d’un brun roux, couvrant un corps déprimé qui mesure un pied de longueur. Les femelles de ces deux espèces possèdent cette particularité d’être ovovivipares ; elles pondent des œufs, mais les petits qui en sortent, elles les allaitent.

Un jour, Godfrey, qui se distinguait parmi les chasseurs de la caravane, fut assez heureux pour apercevoir et tirer un « iarri », sorte de kangourou d’allure très sauvage, qui, n’ayant été que blessé, parvint à s’enfuir sous les fourrés du voisinage. Le jeune novice n’en fut pas autrement chagriné, car à en croire Tom Marix, ce mammifère