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prospect-house.

qui l’avoisinaient. Grâce à l’initiative de M. Horton, dont l’intervention fut d’ailleurs une excellente affaire, une annexe fut construite à cette place. Maintenant, l’annexe est devenue la ville qui s’étage sur les croupes situées au nord de la baie. L’agrandissement s’opéra dans ces conditions de célérité, si familières aux Américains. Un million de dollars, semés sur le sol, firent germer les maisons privées, les édifices publics, les offices et les villas. En 1885, San-Diégo comptait déjà quinze mille habitants, — aujourd’hui trente-cinq mille. Son premier chemin de fer date de 1881. À présent, l’Atlantic and Pacific road, le Southern California road, le Southern Pacific road, la mettent en communication avec le continent, en même temps que la Pacific Coast Steam-ship lui assure des rapports fréquents avec San-Francisco.

C’est une jolie et confortable ville, bien aérée, d’un habitat très hygiénique, sous un climat dont l’éloge n’est plus à faire. Aux alentours, la campagne est d’une incomparable fertilité. La vigne, l’olivier, l’oranger, le citronnier poussent côte à côte avec les arbres, les fruits et les légumes des pays du Nord. On dirait une Normandie fusionnée avec une Provence.

Quant à la ville de San-Diégo elle-même, elle est bâtie avec cette aisance pittoresque, cette liberté d’orientation, cette fantaisie privée, qui est si profitable à l’hygiène, lorsqu’on n’est pas gêné par l’exiguïté des terrains. Il y a des places, des squares, des rues larges, des ombrages un peu partout, c’est-à-dire de la santé en raison directe du cube d’air, si généreusement concédé à cette heureuse population.

Et puis, si le progrès, sous toutes ses formes, ne se trouvait pas dans une cité moderne, surtout lorsque cette cité est américaine, où l’irait-on chercher ? Gaz, télégraphe, téléphone, les habitants n’ont qu’un signe à faire pour être éclairés, pour échanger leurs dépêches, pour se parler à l’oreille d’un quartier à l’autre. Il y a même des mâts, hauts de cent cinquante pieds, qui versent la lumière électrique sur les rues de la ville. Si on n’en est pas encore au lait distribué sous pression par une General Milk Company, si les trottoirs mo-