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mistress branican.

Là-dessus, Jos Meritt se retira en déclarant que cette intelligente, énergique et généreuse femme méritait de retrouver son mari autant, à tout le moins, qu’il méritait, lui, de mettre la main sur le joyau, dont la conquête compléterait sa collection de coiffures historiques.

Gîn-Ghi, avisé d’avoir à se tenir prêt pour le lendemain, dut s’occuper de mettre en ordre les quelques objets qui avaient été sauvés du désastre, après l’affaire des moutons. Quant à l’animal que le gentleman devait partager avec son serviteur — de la manière qu’il a été dit ci-dessus — M. Flint parvint à se le procurer. Cela lui valut un : « Bien !… Oh !… Très bien ! » de la part de son très reconnaissant Jos Meritt.

Le lendemain, 26 octobre, le signal du départ fut donné, après que Mrs. Branican eut pris congé du chef de la station. Tom Marix et Godfrey précédaient les blancs de l’escorte qui étaient montés. Dolly et Jane s’installèrent dans la kibitka, ayant Len Burker d’un côté, Zach Fren de l’autre. Puis venait, majestueusement achevalé entre les deux bosses de sa monture, Jos Meritt, suivi de Gîn-Ghi. Arrivaient ensuite les chameaux de bât et les noirs formant la seconde moitié de l’escorte.

À six heures du matin, l’expédition, laissant à sa droite l’Overland-Telegraf-Line et la station d’Alice-Spring, disparaissait derrière un des contreforts des Mac-Donnell-Ranges.

Au mois d’octobre, en Australie, la chaleur est déjà excessive. Aussi Tom Marix avait-il conseillé de ne voyager que pendant les premières heures du jour, — de quatre à neuf heures, – et pendant l’après-midi — de quatre à huit heures. Les nuits mêmes commençaient à être suffocantes, et de longues haltes étaient nécessaires pour acclimater la caravane aux fatigues des régions centrales.

Ce n’était pas encore le désert, avec l’aridité de ses interminables plaines, ses creeks entièrement à sec, ses puits qui ne contiennent plus qu’une eau saumâtre, lorsque la sécheresse du