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rencontre inattendue.

pendant un jour. Il fallut dès lors établir un campement. Mais un squatter, qui dirigeait un important établissement du voisinage, vint offrir à Mrs. Branican une hospitalité plus confortable, et ses instances furent telles qu’elle dut accepter de se rendre à Waldek-Hill, où une habitation assez confortable était mise à sa disposition.

Ce squatter n’était que locataire de l’un de ces vastes domaines, appelés « runs », dans la campagne australienne. Il est tel de ces runs qui comprend jusqu’à six cent mille hectares, particulièrement dans la province de Victoria. Bien que celui de Waldek-Hill n’atteignît pas cette dimension, il ne laissait pas d’être considérable. Entouré de « paddocks », sortes de clôtures, il était spécialement consacré à l’élevage des moutons, – ce qui nécessitait un assez grand nombre d’employés, de bergers affectés au gardiennage des troupeaux, et de ces chiens sauvages, dont l’aboiement rappelle le hurlement du loup.

C’est la qualité du sol qui détermine le choix de la station, lorsqu’il s’agit d’établir un run. On préfère ces plaines où croît naturellement le « salt bush », le buisson salé. Ces buissons aux sucs nutritifs, qui ressemblent tantôt au plant de l’asperge, tantôt à celui de l’anis, sont avidement recherchés des moutons, qui appartiennent à l’espèce des « pig’s faces » à têtes de porcs. Aussitôt que les terrains ont été reconnus propres à la pâture, on s’occupe de les transformer en herbages. On les livre d’abord aux bœufs et aux vaches qui se contentent de leur herbe native, tandis que les moutons, plus difficiles sur la nourriture, n’acceptent que l’herbe fine de la seconde pousse.

Qu’on ne l’oublie pas, c’est à la laine que produit le mouton qu’est due la grande richesse des provinces australiennes, et, actuellement, on n’y compte pas moins de cent millions de ces représentants de la race ovine.

Sur ce run de Waldek-Hill, autour de la maison principale et du logement des employés, de larges étangs, qu’alimentait un creek