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à travers l’australie méridionale.

midi ou du campement du soir, lorsque la seconde étape de la journée était près de finir.

Dans ces conditions, la caravane était en mesure de faire douze à treize milles par jour, sur un sol très cahoteux, parfois à travers d’épaisses forêts, où les chariots n’avanceraient qu’avec lenteur. Le soir venu, le soin d’organiser la couchée incombait à Tom Marix, qui en avait l’habitude. Puis, gens et bêtes se reposaient toute la nuit, et l’on repartait au lever du jour.

Le parcours entre Farina-Town et Alice-Spring — environ trois cent cinquante milles[1] — n’offrant ni dangers graves ni grandes fatigues, exigerait probablement une trentaine de jours. La station où il y aurait lieu de reconstituer la caravane, en vue d’une exploration des déserts de l’ouest, ne serait donc pas atteinte avant le premier tiers du mois d’octobre.

En quittant Farina-Town, l’expédition put suivre pendant un certain nombre de milles les travaux entrepris pour la prolongation du railway. Elle s’engagea dans l’ouest du groupe des Williouran-Ranges, en prenant une direction jalonnée déjà par les poteaux de l’Overland-Telegraf-Line.

Tout en cheminant, Mrs. Branican demandait à Tom Marix, qui chevauchait près de son buggy, quelques renseignements sur cette ligne télégraphique.

« C’est en 1870, mistress, répondit Tom Marix, seize ans après la déclaration d’indépendance de l’Australie méridionale, que les colons eurent la pensée de créer cette ligne, du sud jusqu’au nord du continent entre Port-Adélaïde et Port-Darwin. Les travaux furent conduits avec tant d’activité qu’ils étaient achevés au milieu de 1872.

— Mais n’avait-il pas fallu que le continent eût été exploré sur toute cette étendue ? fit observer Mrs. Branican.

— En effet, mistress, répondit Tom Marix, et, dix ans auparavant, en 1860 et en 1861, Stuart, un de nos plus intrépides explorateurs, l’avait

  1. Environ 700 kilomètres.