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mistress branican.

Devant lui, un petit paquet sous le bras, son chapeau à la main, se tenait le novice du Brisbane.

En vérité, il semblait que Mrs. Branican eût deviné que c’était lui !… Oui ! et comment l’expliquer ?… Bien qu’elle ne s’attendît point à voir ce jeune garçon, avait-elle conservé cette pensée qu’il chercherait à se rapprocher d’elle… Quoi qu’il en soit, ce nom s’échappa instinctivement de ses lèvres avant qu’elle l’eût aperçu :

« Godfrey ! »

Godfrey était arrivé, une demi-heure auparavant, par le train d’Adélaïde.

Quelques jours avant le départ du paquebot, après avoir demandé au capitaine du Brisbane le règlement de ses gages, le novice s’était fait débarquer. Une fois à terre, il n’avait pas essayé de se présenter à l’hôtel de King-William-Street, où demeurait Mrs. Branican. Mais que de fois il l’avait suivie, sans être vu d’elle, sans chercher à lui parler ! D’ailleurs, tenu au courant, il savait que Zach Fren était parti pour Farina-Town, afin d’organiser une caravane. Aussi, dès qu’il eut appris que Mrs. Branican avait quitté Adélaïde, il prit le train, bien résolu à la rejoindre.

Que voulait donc Godfrey, et à quoi tendait cette démarche ?

Ce qu’il voulait, Dolly allait le savoir.

Godfrey, introduit dans la maison, se trouvait en présence de Mrs. Branican.

« C’est vous… mon enfant… vous, Godfrey ? dit-elle en lui prenant la main.

— C’est lui, et que veut-il ? murmura Zach Fren, avec un dépit très marqué, car la présence du novice lui paraissait extrêmement fâcheuse.

— Ce que je veux ?… répondit Godfrey. Je veux vous suivre, mistress, vous suivre aussi loin que vous irez, ne plus jamais me séparer de vous !… Je veux aller avec vous à la recherche du capitaine Branican, le retrouver, le ramener à San-Diégo, le rendre à ses amis… à son pays… »