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par oui et par non !

— Oui.

— Et, après avoir été entraîné pendant un certain temps jusque dans l’ouest de la mer de Timor, il est venu se perdre sur les récifs de l’île Browse ?… »

Un léger mouvement marqua la surprise de Harry Felton, qui ignorait évidemment le nom de l’île sur laquelle le Franklin était allé se briser, et dont aucune observation n’avait permis de déterminer la position dans la mer de Timor.

Zach Fren reprit :

« Quand vous avez pris la mer à San-Diégo, il y avait à bord le capitaine John, vous, Harry Felton, douze hommes d’équipage, en tout quatorze… Étiez-vous quatorze, après le naufrage du Franklin ?…

— Non.

— Quelques-uns des hommes avaient donc péri au moment où le navire se jetait sur les roches ?…

— Oui.

— Un ?… Deux ?… »

Un signe affirmatif approuva ce dernier chiffre.

Ainsi deux matelots manquaient lorsque les naufragés avaient pris pied sur l’île Browse.

En ce moment, à la recommandation du médecin, il convint de donner un peu de repos à Harry Felton, que cet interrogatoire fatiguait visiblement.

Puis, les questions ayant été reprises quelques minutes après, Zach Fren obtint divers renseignements sur la manière dont le capitaine John, Harry Felton et leurs dix compagnons avaient pourvu aux besoins de leur existence. Sans une partie de la cargaison, consistant en conserves et farines, qui avait été recueillie à la côte, sans la pêche qui devint une de leurs principales ressources, les naufragés seraient morts de faim. Ils n’avaient vu que très rarement des navires passer au large de l’île. Leur pavillon, hissé au mât de signal, ne fût jamais aperçu. Et, cependant, ils n’avaient pas d’autre chance de salut que d’être rapatriés par un bâtiment.