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par oui et par non !

de force intellectuelle se concentrait en entier sur la femme de son capitaine, de John Branican.

« Harry Felton, demanda Mrs. Branican, si John est vivant, où l’avez-vous laissé ?… Où est-il ? »

Harry Felton ne répondit pas.

« Il ne peut parler, dit le médecin, mais peut-être aurons-nous de lui une réponse par signes ?…

— Et rien qu’à son regard, je saurai interpréter ! répondit Mrs. Branican.

— Attendez, dit Zach Fren. Il importe que les questions lui soient posées d’une certaine manière, et, comme nous nous entendons entre marins, laissez-moi faire. Que mistress Branican tienne la main de Felton, que ses yeux ne quittent pas les siens. Je vais l’interroger… Il dira oui ou non du regard, et cela suffira ! »

Mrs. Branican, penchée sur Harry Felton, lui prit la main.

Si Zach Fren eut, pour commencer, demandé où se trouvait le capitaine John, il aurait été impossible d’obtenir une indication satisfaisante, puisque c’eût été obliger Harry Felton à prononcer le nom d’une contrée, d’une province, ou d’une bourgade, — ce dont sans nul doute il était incapable. Mieux valait y arriver graduellement en reprenant l’histoire du Franklin à partir du dernier jour où il avait été aperçu jusqu’à celui où Harry Felton s’était séparé de John Branican.

« Felton, dit Zach Fren d’une voix claire, vous avez près de vous mistress Branican, la femme de John Branican, le commandant du Franklin. Vous l’avez reconnue ?… »

Les lèvres de Harry Felton ne remuèrent pas ; mais un mouvement de ses paupières, une faible pression de sa main, répondirent affirmativement.

« Le Franklin, reprit Zach Fren, n’a plus été signalé nulle part après qu’on l’eut vu dans le sud de l’île Célèbes… Vous m’entendez… vous m’entendez, n’est-ce pas, Felton ? »

Nouvelle affirmation du regard.