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épave vivante.

— Vous admettez donc qu’ils n’ont été que cinq à survivre au naufrage ?…

— C’est malheureusement l’explication la plus plausible ! ajouta M. William Andrew.

— Ce n’est pas mon avis, répondit Mrs. Branican. Pourquoi John, Felton et les douze hommes de l’équipage n’auraient-ils pas atteint l’île Browse sains et saufs ?… Pourquoi neuf d’entre eux ne seraient-ils pas parvenus à la quitter ?…

— Et comment, mistress Branican ? répondit vivement le capitaine Ellis.

— Mais en s’embarquant sur une chaloupe construite avec les débris de leur navire…

— Mistress Branican, reprit le capitaine Ellis, Zach Fren vous l’affirmera aussi bien que moi, dans l’état où étaient ces débris, il nous a paru que c’était impossible !

— Mais… un de leurs canots…

— Les canots du Franklin, en admettant qu’ils n’eussent pas été brisés, n’auraient pu s’aventurer dans une traversée jusqu’à la côte australienne ou aux îles de la Sonde.

— Et, d’ailleurs, fit observer M. William Andrew, si neuf des naufragés ont pu quitter l’île, pourquoi les cinq autres y seraient-ils restés ?

— J’ajoute, reprit le capitaine Ellis, que, s’ils ont eu une embarcation quelconque à leur disposition, ceux qui sont partis ont péri en mer, ou ils ont été victimes des indigènes australiens, puisqu’ils n’ont jamais reparu ! »

Alors Mrs. Branican, sans laisser voir aucun signe de faiblesse, s’adressant au maître :

« Zach Fren, dit-elle, vous pensez de tout cela ce qu’en pense le capitaine Ellis ?

— Je pense… répondit Zach Fren en secouant la tête, je pense que, si les choses ont pu être ainsi… il est très possible qu’elles aient pu être autrement !