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mistress branican.

cours m’obligent à changer mes intentions touchant le chargement du Franklin au retour.

— Je n’y manquerai pas, monsieur Andrew, » répondit John Branican.

En ce moment, Harry Felton s’approchant dit :

« Nous sommes à pic, capitaine.

— Et le jusant ?…

— Il commence à se faire sentir…

— Tenez bon. »

Puis, s’adressant à William Andrew, le capitaine John, plein de reconnaissance, répéta :

« Encore une fois, monsieur Andrew, je vous remercie de m’avoir donné le commandement du Franklin. J’espère que je saurai justifier votre confiance…

— Je n’en doute aucunement, John, répondit William Andrew, et je ne pouvais remettre en de meilleures mains les affaires de ma maison ! »

L’armateur serra fortement la main du jeune capitaine et se dirigea vers l’arrière du rouffle.

Mrs. Branican, suivie de la nourrice et du bébé, venait de rejoindre son mari avec M. et Mrs. Burker. L’instant de la séparation était imminent. Le capitaine John Branican n’avait plus qu’à recevoir les adieux de sa femme et de sa famille.

On le sait, Dolly n’en était encore qu’à la deuxième année de son mariage, et son petit enfant avait à peine neuf mois. Bien que cette séparation lui causât un profond chagrin, elle n’en voulait rien laisser voir, et contenait les battements de son cœur. Sa cousine Jane, nature faible, sans énergie, ne pouvait, elle, cacher son émotion. Elle aimait beaucoup Dolly, près de qui elle avait souvent trouvé quelque adoucissement au chagrin que lui causait le caractère impérieux et violent de son mari. Mais, si Dolly dissimulait ses inquiétudes, Jane n’ignorait pas qu’elle les éprouvait dans toute leur réalité. Sans doute, le capitaine John devait être de retour à six mois de là ; mais, enfin,