Page:Verne - Mistress Branican, Hetzel, 1891.djvu/168

Cette page a été validée par deux contributeurs.
151
campagne dans la mer de timor.

rances maritimes refusent de garantir les risques de mer que l’on y rencontre.

Il y a lieu de se défier de ces courants, qui vont incessamment de l’est à l’ouest, entraînant les eaux du Pacifique vers la mer des Indes. Les hauts-fonds y rendent la navigation extrêmement périlleuse. On ne peut s’y aventurer que pendant quelques heures de jour, lorsque la position du soleil permet d’apercevoir les brisants sous les traînées de la houle.

Ce fut en vue du détroit de Torrès que le capitaine Ellis, dans une conversation qu’il eut avec son second officier et Zach Fren, demanda au maître :

« C’est bien à la hauteur de l’île Melville que le Californian a repêché l’épave du Franklin ?

— Précisément, répondit Zach Fren.

— Il faudrait donc compter à peu près cinq cents milles à travers la mer d’Arafoura depuis le détroit ?…

— En effet, capitaine, et je comprends ce qui vous embarrasse. Étant donnés les courants réguliers, qui portent de l’est à l’ouest, il semble que, puisque ce morceau de guibre a été recueilli au large de l’île Melville, c’est que le Franklin a dû se perdre à l’entrée du détroit de Torrès…

— Sans doute, Zach Fren, et il faudrait en conclure que John Branican serait allé choisir ce dangereux passage pour se rendre à Singapore ? Or, cela, je ne l’admettrai jamais. À moins de circonstances qui m’échappent, je persiste à croire qu’il a dû traverser les parages de la Malaisie, comme nous l’avons fait lors de notre première campagne, puisqu’il a été aperçu pour la dernière fois dans le sud de l’île Célèbes.

— Et comme ce fait ne peut être discutable, fit observer le second, il en résulte que si le capitaine Branican a pénétré dans la mer de Timor, il n’a pu y arriver que par l’un des détroits qui séparent les îles de la Sonde.

— C’est incontestable, répondit le capitaine Ellis, et je ne com-