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mistress branican.

Franklin avait-il subi le sort des navires de Lapérouse ? Ainsi que cela était arrivé pour Dumont d’Urville et Dillon, le capitaine Ellis ne retrouverait-il que les débris du navire perdu ? Et, s’il ne découvrait pas le lieu de la catastrophe, le destin de John Branican et de ses compagnons demeurerait-il à l’état de mystère ?

À deux cents milles au delà, le Dolly-Hope traversa obliquement l’archipel des Salomon, dénommé autrefois Nouvelle-Géorgie ou Terres Arsacides.

Cet archipel renferme une dizaine de grandes îles, dispersées sur une aire de deux cents lieues en longueur et quarante en largeur. Parmi elles se trouvent les îles Carteret, autrement dites les îles du Massacre, et dont le nom indique de quelles scènes sanglantes elles furent le théâtre.

Le capitaine Ellis n’avait aucun renseignement à demander aux indigènes de ce groupe, aucune investigation à faire dans ces parages. Il n’y relâcha pas et hâta sa marche vers le détroit de Torrès, non moins impatient que Zach Fren de rallier la partie de cette mer d’Arafoura où l’épave avait été découverte. Ce serait là que l’enquête serait conduite avec un soin minutieux, une infatigable persévérance, qui en assurerait peut-être le succès.

Les terres de la Papouasie, appelées aussi Nouvelle-Guinée, n’étaient pas très éloignées. Quelques jours après avoir franchi l’archipel des Salomon, le Dolly-Hope eut connaissance de l’archipel des Louisiades. Il passa au large des îles Rossel, d’Entrecasteaux, Trobriand, et d’un grand nombre d’îlots, enfouis sous le magnifique dôme de leurs cocotiers.

Enfin, au bout d’une traversée de trois semaines, les vigies reconnurent à l’horizon les hautes terres de la Nouvelle-Guinée, puis les pointes du cap York, projetées par le littoral australien, qui limitent au nord et au sud le détroit de Torrès.

C’est un passage extrêmement dangereux, ce détroit. À moins d’y être contraints, les capitaines au long cours se gardent bien de s’y hasarder. C’est à ce point, paraît-il, que les compagnies d’assu-